Provenant de l’épicerie fine, propriété d’Uldoric Carignan, relocalisée au coin des rues Badeaux et Saint-Antoine, à Trois-Rivières, peu de temps après l’incendie de juin 1908, ce robinet servait à contenir ou à déverser, à volonté, du vin contenu dans ses tonneaux.
À son établissement précédent ouvert en 1885, ce commerçant avait d’ailleurs déjà été pris en défaut, au moins une fois, entre 1888 et 1897, par le chef de la police du lieu, Louis Hamel, pour avoir permis, sans autorisation, à des clients de consommer du vin dans la cour de son magasin, qui était alors situé sur la rue des Forges.
Né dans la paroisse Notre-Dame-de-la-Visitation de Champlain le 15 février 1860, Uldoric Carignan est le fils de Pierre Carignan et d’Elmire Bailly. À l’âge de 21 ans, il débute une longue carrière dans le commerce au service de la population trifluvienne. D’abord, vers 1881, comme commis chez son oncle Onésime Carignan, épicier, Uldoric décide d’ouvrir son propre commerce d’épicerie quatre ans plus tard. Comme plusieurs Trifluviens, le 22 juin 1908, il est touché par le drame; ses pertes sont estimées à 15 000 $.
Après ce terrible incendie, il est l’un des premiers commerçants à reconstruire. Carignan confie la construction de son nouvel établissement à U. L. Marchand, entrepreneur. L’année suivante, selon Le Bien public du 8 juin 1909, ledit entrepreneur vend, par l’entremise de A. Charbonneau, tout le matériel utilisé à des conditions faciles (mixeur, brouettes, chevalets, madriers…). On peut s’adresser au 26, rue des Volontaires ou composer le 14 sur un téléphone. Il n’y avait que deux chiffres à composer en ce temps-là!
Uldoric Carignan est également l’un des pionniers dans l’histoire des développements hydroélectriques de la région du Saint-Maurice. En effet, vers 1896, il tente, avec l’aide de M. Navégius Mailhot, d’installer une centrale électrique aux chutes de Shawinigan, mais sans succès. Les autorités refusent de leur octroyer le privilège d’exploitation.
En 1884, Uldoric Carignan épouse Annie Comtois, sœur de Mgr Alfred Odilon Comtois, quatrième évêque du diocèse de Trois-Rivières.
Uldoric et Annie auront au moins huit enfants : Marie-Ange, Cécile, Jeannette, Éliane (mariée à Jules Fecteau), Berthe, Gabrielle et Simonne. L’aîné, leur seul fils, Sylvio (1887-1963), travaille d’abord comme commis à l’épicerie de son père pour ensuite s’associer avec lui.
Estimé de tous, Uldoric Carignan décède le 9 juin 1949 à l’âge de 89 ans. Sylvio prend la relève et fait prospérer l’entreprise familiale, qui est connue sous le nom d’Uld. Carignan Enrg. Il entreprend de la moderniser, au début des années 1950, tout en conservant son identité de boucherie et d’épicerie fine licenciée.
C’est ensuite aux deux fils de Sylvio, Jean puis André, étant employés de l’établissement dès la fin des années 1940, de prendre la responsabilité du commerce après le décès de leur père.
Le commerce ferme définitivement ses portes un peu avant que la Ville entreprenne la construction d’un imposant stationnement étagé dans ce secteur du centre-ville de Trois-Rivières en 1991.
Don de Louis Fecteau, prêtre, petit-fils d’Uldoric Carignan
Collection Musée Pierre-Boucher
1978 303 I