PRESSE-PAPIER PUBLICITAIRE DE O. CARIGNAN & FILS

Ce presse-papier fait la promotion du commerce d’épicerie O. Carignan & Fils. La photographie placée sous le verre laisse voir l’intérieur de ce magasin, les vitrines et les étagères bien remplies de toute sorte de produits et même la caisse enregistreuse derrière le comptoir.

Il faut remonter en 1865 pour trouver l’origine de ce commerce. Situé sur la rue des Forges à Trois-Rivières face au marché public, ce magasin d’épicerie est pourtant à ses débuts uniquement au nom d’Onésime Carignan.

Originaire de Champlain, municipalité située aux abords de la rivière Champlain en Mauricie, Onésime Carignan est né le 16 octobre 1839. Il est le fils de Josephte Turcot, baptisée Marie Josette (1796-1890), et de Pierre Carignan (1791-1844), cultivateur. Le jeune Onésime vient s’installer à Trois-Rivières vers 1860. En 1861, le recensement canadien précise qu’il est commis et qu’il loge chez Jacques Nault, marchand, et sa famille.

Ensuite, Onésime s’associe en affaires avec François Hamel sous la raison sociale Hamel & Carignan. Onésime Carignan se marie à Aglaé Lebel le 15 novembre 1864 dans la paroisse de Saint-Roch-de-Québec.

L’année suivante, la société Hamel & Carignan est dissoute par consentement mutuel. C’est alors qu’Onésime Carignan informe ses amis et le public par la voie des journaux qu’il transigera les affaires de ladite société dorénavant à son propre nom et à son propre compte.

Le 24 octobre 1884, très tôt dans la nuit, l’édifice abritant le commerce est la cible d’un cambrioleur armé. En effet, un individu s’introduit dans les appartements situés à l’étage supérieur du magasin. Ces lieux sont occupés par Uldoric Carignan et son épouse, Annie Comtois; Uldoric est le neveu et l’employé de son oncle Onésime. En passant par une fenêtre, le brigand s’empare de la clef du magasin. Puis, alors qu’il allait descendre vers le coffre-fort, Uldoric se réveille et se rend compte de la situation. Le voleur s’affole et tire un coup de révolver en direction de M. Carignan, sans l’atteindre. Rapidement, le voleur se précipite dehors, en sautant par la fenêtre. Il laisse tomber la clef du magasin que l’on retrouve plus tard dans la cour. Le voleur n’a pas été retrouvé. Heureusement, il y a eu plus de peur que de mal.

Malgré cet incident, le patron du commerce poursuit ses affaires avec détermination; sa licence d’épicier lui est renouvelée annuellement. Par contre, la politique municipale l’intéresse de plus en plus. Il siège comme échevin (conseiller municipal) de 1876 à 1888 à Trois-Rivières.

En 1889, dans Le Trifluvien du 31 juillet, O. Carignan, importateur, fait paraître une annonce dans laquelle il offre à sa clientèle vins, brandy, whisky, rye et autres liqueurs fines, sans compter ses spécialités que sont la farine, les remèdes, l’eau minérale et les assortiments complets d’épicerie de gros et de détail.

Comme le développement de sa région au sens large l’intéresse aussi, il tient à s’impliquer. Au début de février 1891, Onésime Carignan fait partie d’une délégation de personnages publics qui se rendent à Ottawa afin d’obtenir des appuis à l’organisation d’une ferme modèle à Saint-Tite, en Mauricie, ville située au nord de Trois-Rivières. Puis, il entre en politique active en se faisant élire député du Parti conservateur pour la circonscription fédérale de Champlain pour un mandat entre 1891 et 1896. C’est Hector-Louis Langevin (1826-1906), représentant le même parti politique, qui est alors député pour la circonscription électorale fédérale de Trois-Rivières.

Par le recensement canadien de 1891, on sait que Pierre-Lucien (1867-1944) agit comme commis à la vente au magasin de son père. L’année suivante, Onésime est nommé juge de paix pour la cité de Trois-Rivières. Quant à Pierre-Lucien, il se marie en février 1893 à Ottawa à Angéline de Blois, originaire de Québec, fille de Joachim de Blois et de Marie Artémise Fréchette. Angéline de Blois est la sœur du docteur Charles Numa de Blois.

Puis, en 1895, Onésime confie son commerce à deux de ses fils, Pierre-Lucien et Émile-Donat (1875-1958), ce dernier s’étant joint à l’épicerie après une courte expérience (1891-1892) à la Banque d’Hochelaga. Les deux frères forment dorénavant l’entreprise O. Carignan & Fils. L’année suivante, ils ouvrent encore plus leurs horizons et font l’acquisition d’une manufacture de peinture The Champlain Oxide Company, dont Pierre-Lucien assume la gérance.

Quant à Émile-Donat, il continue d’exploiter le commerce d’épicerie. Il doit, comme tant d’autres, se remettre du désastre survenu le 22 juin 1908. Comme le précise le jour même le quotidien de Montréal, La Presse, un « terrible incendie fait rage à Trois-Rivières. […] Les flammes ont envahi la partie commerciale de la rue des Forges. […] Le magasin d’épicerie de gros et détail de O. Carignan et fils […] (est) également en flammes ».

Il faut reconstruire.

Puis, en juin 1912, La Gazette officielle du Québec confirme que les deux frères forment avec trois autres associés, un rentier, Isaïe Horey de Grandmont, et deux médecins chirurgiens, Louis-Philippe Normand et Charles Numa de Blois, leur beau-frère, la Compagnie des Terrains Notre-Dame du Cap.

Émile-Donat Carignan reste à la direction de O. Carignan & Fils jusqu’en 1925.

C’est âgé de 58 ans qu’Onésime Carignan est décédé subitement le 20 septembre 1897. Son décès est survenu quatre mois après avoir marié sa fille Émilie à Louis Gagnon, le 25 mai 1897, et à peine huit jours avant le mariage de son fils, Émile-Donat, à Marie Lucinda Bernadette Bourgeois, fille de Flore Beauchemin et de Benjamin Bourgeois, ingénieur civil.

Collection Musée Pierre-Boucher
2003 368 I