Ce pilori à deux carcans provient de la prison de Trois-Rivières. On ignore quel artisan l’a conçu. Cet instrument de supplice est connu dès le Moyen-Âge en Europe. Simple ou double, il sert à y immobiliser, le plus souvent par le cou et les poignets, la ou les personnes sanctionnées. Les passants expriment aux châtiés exhibés, selon le cas, leur chagrin, leur pitié ou leur mépris et leur moquerie. La durée du châtiment dépend de la gravité du délit; ce type de supplice imposé aux malfaisants n’a cependant pas pour fonction de causer la mort.
Les expressions « mettre au pilori » ou « clouer au pilori » sont utilisées pour désigner quelqu’un ou quelque chose que l’on condamne vigoureusement ou que l’on dénigre avec fermeté.
L’un des premiers lieux à abriter des prisonniers à Trois-Rivières est le couvent des Récollets, lieu longtemps occupé par cette communauté religieuse pour hommes. Situé près de l’église St. James, sur la rue des Ursulines, le couvent bâti en 1743 est converti en palais de justice et en prison en 1790.
Ce n’est qu’en 1815 que les autorités pensent à la construction d’une prison à Trois-Rivières. Le mandat est confié à François Baillairgé (1759-1830), initié à la menuiserie, à la sculpture et à l’architecture par son père, Jean Baillairgé. François Baillairgé, bien que d’abord artiste-peintre et sculpteur, conçoit les plans architecturaux de la prison de Québec en 1807. Ses plans d’une prison pour Trois-Rivières prennent forme, et la construction est entreprise dès 1816. Ses plans sont-ils entièrement respectés lors de la construction? La question se pose, car ses plans sont modifiés au cours d’autres projets. Quoi qu’il en soit, les dessins et les concepts de Baillairgé sont novateurs pour l’époque et prévoient offrir la sécurité, la salubrité et un certain confort à ses occupants. Les premiers prisonniers y sont incarcérés en 1819 même si la prison de Trois-Rivières n’ouvre officiellement ses portes qu’en 1822.
La désuétude des lieux force sa fermeture en 1986. Elle est alors la plus vieille prison encore en activité au Canada.
Classé monument historique, l’édifice rénové de la vieille prison de Trois-Rivières est aujourd’hui harmonieusement incorporé à l’immeuble qui abrite le Musée Pop.
Collection Musée Pierre-Boucher
1977 266 Z