MAISONS BRETONNES, PONTRIEUX

Cette œuvre, peinte par Rodolphe Duguay alors qu’il séjourne en France pour parfaire ses connaissances en arts, a été offerte en novembre 1928 au poète octogénaire Nérée Beauchemin lors d’une cérémonie lui rendant hommage suite à la publication de son livre Patrie intime.

Nérée Beauchemin, l’un des grands poètes canadiens-français, est né à Yamachiche le 20 février 1850. Il est le fils du docteur Hyacinthe Beauchemin et de Marie Elzire (Elsire) Laflèche, qui décède de la tuberculose alors que Nérée n’a que six ans. Lui, ses deux sœurs et son frère sont confiés à leur grand-mère maternelle. D’ailleurs, c’est grâce à celle-ci, Émelie (Emmelie) Christine Comeau, que Nérée apprend très jeune à aimer la poésie.

Après avoir fait ses humanités au Séminaire de Nicolet, Nérée décide de suivre les traces de son père et s’inscrit en médecine à l’Université Laval de Québec. Admis à la pratique en 1874, il exerce à son tour à Yamachiche. Il épouse, en 1878, Anna Lacerte. Ils ont ensemble dix enfants.

Parallèlement à sa vie professionnelle, Nérée Beauchemin poursuit l’œuvre littéraire qu’il avait débutée durant ses études à Québec. C’est ainsi qu’il publie, en 1897, Floraisons matutinales, dans le cadre de son élection à la Société royale du Canada. Trente ans plus tard, sous les instances de monseigneur Albert Tessier, il publie un second recueil : Patrie intime. Suite au succès remporté par cet ouvrage, l’auteur se voit remettre un doctorat honorifique des poètes canadiens-français. Nérée Beauchemin décède au début de l’été suivant, soit le 29 juin 1931.

Quant à l’artiste, Rodolphe Duguay (1891-1973), il est natif de Nicolet. Il part pour l’Europe en septembre 1920. Il fréquente de grandes écoles d’art, soit l’Académie Julian et l’Académie de la Grande Chaumière, et étudie chez le peintre Jules Alder et à l’Académie Colarossi.

À l’heure des vacances, il voyage. Il visite la Bretagne et la Normandie. Il y croise son grand ami Octave Bélanger. Il a aussi l’occasion de se rendre en Italie. Il revient d’Europe en juin 1927 avec des souvenirs, des œuvres et des pochades dans ses cartons, sans oublier son journal dans lequel on peut lire ce passage :

Paimpol, 6-8-26, vendredi soir 8h30, Hier matin je prenais le train de 7hre (sic) pour me rendre à Pontrieux. Lorsque je suis débarqué un brouillard, vapeurs matinales enveloppait le paysage, c’était ravissant, les larmes me vinrent presqu’aux yeux, c’était si beau, et ça me rappelait tous les matins de chez nous. Qu’elle est belle Ta nature O Doux Maître. Le temps d’aller prendre mon petit déjeuner et tout était disparu, un peu comme ces beaux rêves. Durant ma journée, fait 3 pochades et 2 croquis de paysage. À 6h30 je m’embarquais pour le retour. Paris, 29 décembre 1926, mercredi 9h15 soir, Plusieurs toiles en marche, une grande environ 90cm x 65cm, chaumières dans un paysage à Pontrieux Bretagne que j’ai agrandi avant-hier…

Don de Jeanne Beauchemin
Collection Musée Pierre-Boucher
1977 16 P