LE SKIEUR

Représenté de profil sur ses skis, sa tuque bien calée sur son front et aux couleurs de son pantalon, ce skieur dévale une pente assez inclinée. Une mitaine garde au chaud la main gauche du skieur; celle-ci est recourbée et retient un bâton de ski. Deux triangles simulent une forêt de conifères. Deux gros flocons dans le ciel nous confirment qu’il neige sur la piste.

L’artiste a produit une longue série de ces céramiques sur argile, réalisées sur des formes rectangulaires, dont plusieurs scènes d’hiver ou d’autres inspirées des us et coutumes des populations autochtones vivant dans le Nord du Canada.

Quant à l’artiste, Jean-Jacques Spénard, il est né le 27 juin 1913 et baptisé le lendemain à Trois-Rivières sous les prénoms Joseph Jean-Jacques Maurice. Il est le fils d’Arthur Spénard et de Florette Nobert.

Au nombre de ses amis, dès l’adolescence, Spénard tisse des liens avec Louise Panneton, fille du docteur Auguste Panneton, Louise Robichon et Harvey Rivard (1913-1995), qui fera une longue carrière de photographe.

J.-J. Spénard étudie la céramique à l’École des Beaux-Arts de Montréal, qui a une section de céramique depuis 1935. Il a comme professeur Pierre-Aimé Normandeau (1906-1965), diplômé de l’École supérieure de céramique de Sèvres. À partir de 1945, cette section va relever de l’École du meuble. Fraichement diplômé, avec l’aide financière de ses parents et le talent de constructeur de l’un de ses oncles, Frank Nobert, Jean-Jacques réalise son rêve d’avoir son propre four à céramique dans une bâtisse attenante à sa demeure sur la rue Saint-François-Xavier à Trois-Rivières.

En 1940, la Revue du Québec industriel, Arts et métiers du terroir fait état du talent et des œuvres de Spénard précisant : « (qu’il) produit des pièces qui sont du plus pur terroir et où le bon goût ne le cède en rien au caractère local de ses créations ». En novembre de cette même année, il part pour Chicoutimi pour y assumer un poste d’instructeur à l’École de poterie du Saguenay, école fondée sous la gouverne de la coopérative des syndicats catholiques de l’endroit en coopération avec un programme d’aide à la jeunesse.

La revue Architecture – bâtiment – construction, dans son édition d’avril 1954, consacre quelques lignes à l’artiste. En page 33, une photographie nous le montre appliquant des oxydes métalliques qui forment les couleurs dans la glaçure d’une pièce de céramique sur laquelle il travaille. En page 35, on présente un appliqué mural en céramique qu’il a réalisé.

En 1963, Jean-Jacques Spénard est choisi pour exécuter un monument tout de céramique à la mémoire du père Jacques Buteux. Ce monument sera dévoilé à Trois-Rivières en novembre en présence de dignitaires dans le secteur de la ville où se trouve l’ancienne église Saint-Pie-X.

Spénard a aussi enseigné plusieurs années à l’École des Beaux-Arts de Québec. Il a entre autres eu comme élève Thérèse Brassard (1926-2008), originaire de Roberval et récipiendaire de plusieurs prix d’art au cours de sa carrière internationale. Cette artiste a aussi dispensé des cours de céramique et de technique de l’émail, notamment à Mariette Cheney de Trois-Rivières, qui, à son tour, est passée maître dans l’art d’exprimer sa créativité et son talent avec ce médium.

Le céramiste, marié à Berthe Barrette en 1943 à Trois-Rivières, a deux enfants, Suzanne et Pierre. Jean-Jacques Spénard est décédé à Québec le 16 février 1996. Ses funérailles ont eu lieu à Trois-Rivières.

Collection Musée Pierre-Boucher
1991 1121 S