LE RETOUR DU CALVAIRE

Le Retour du calvaire est une œuvre d’inspiration biblique. L’œuvre de petit format est ornée d’une imposante moulure dorée ouvragée.

Le Calvaire ou Golgotha est le lieu où les Romains attachaient les condamnés à mort sur une croix en forme de T. D’après les évangiles, Jésus est mort ainsi à cet endroit.

Dans cette représentation, la mère de Jésus, après avoir assisté au supplice et à la mort de son fils, s’est retirée, entourée de femmes. L’une d’entre elles git par terre, inconsolable; une autre présente à Marie le Saint-Suaire.

Le Saint-Suaire, aussi appelé le suaire ou le linceul de Turin, est ce linge qui aurait recouvert le visage de Jésus après sa mort et dont les traits sont restés marqués sur le tissu. Ce dernier a fait l’objet de nombreuses recherches pour tenter de valider son authenticité.

Quant à l’artiste, Charles Huot, il est né en avril 1855 à Québec. Il est baptisé Charles-Édouard-Masson Huot. Fils d’Aurélie Drolet et de Charles Huot, marchand, le jeune Charles devient pensionnaire au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière en janvier 1866 et y reste jusqu’en juillet 1870. Sa mère décède le 26 septembre suivant. Charles fait son entrée à l’École normale Laval à Québec.

Le jeune homme s’intéresse de plus en plus à la peinture. Son talent en impressionne plusieurs, et des supporteurs généreux font en sorte qu’il puisse faire un séjour d’études en Europe. À 19 ans, il part pour Paris. Il est admis à l’École des Beaux-Arts en mars 1875.

Sans doute au cours d’un voyage, il fait la connaissance de Louise Schlachter, la fille d’un pasteur, à Belitz, et l’épouse en septembre 1885 en Allemagne.

Peu de temps après, les oblats de la paroisse de Saint-Sauveur à Québec songent à Huot pour le charger de la décoration de l’église. L’artiste vient alors passer quelques mois au Québec. Les oblats lui commandent officiellement treize tableaux en 1887, et l’artiste retourne à Paris retrouver son épouse. Ils iront rester chez le père de Louise pour entreprendre à son aise cette commande. L’artiste prend six ans à compléter le tout. Peu de temps après avoir amorcé cet important contrat, une fille nait de son mariage. En octobre 1889, la petite famille débarque à Québec.

Plusieurs paroisses commandent des tableaux de l’artiste. Huot trouve quand même le temps d’enseigner, entre autres, le dessin à l’École des arts et métiers de Québec.

En 1903, il retourne en Europe avec sa famille. Il revient seul au Canada et reste au Québec quelques mois; puis, il retourne en Europe. Il y est en 1907 alors qu’un grand malheur le frappe puisque son épouse décède le 28 juin dans une station balnéaire. En août, il revient définitivement au Canada avec sa fille et installe son atelier sur la rue Saint-Jean à Québec.

Il obtient le contrat de dessiner les costumes et les drapeaux des fêtes du tricentenaire de la ville de Québec en 1908. Deux ans plus tard, il va obtenir le contrat de réalisation d’un tableau d’histoire pour l’Hôtel du Parlement. Il lui faudra trois ans pour le terminer. En 1919, il illustre de ses dessins quelques pages du Bulletin de recherches historiques, où il présente des drapeaux.

Parmi ses derniers contrats, il y a la décoration de la petite chapelle consacrée à Saint-Antoine-de-Padoue à Lac-Bouchette, où son cousin était curé. On a dit des œuvres réalisées pour orner ce temple qu’elles résultaient d’un « travail d’imagier du Moyen-Âge ».

Puis, il y a un tableau commandé pour la salle du Conseil législatif, presque terminé avant son décès, qui n’a eu besoin que de quelques retouches d’Antonio Masselotte (1887-1983), élève d’Huot, pour être complété.

Charles Huot est décédé à l’Hôpital du Saint-Sacrement à Québec le 27 janvier 1930.

Don d’un collectionneur
Collection Musée Pierre-Boucher
1987 1057 P