JÉSUS TOMBE SOUS LE POIDS DE SA CROIX

Cette représentation de l’une des stations d’un chemin de croix montre la scène où Jésus, condamné à mort, tombe pour la première fois, et ce, sous le poids de la croix qu’il doit porter tout au long du parcours qui va le mener au Calvaire. Selon le rite liturgique chrétien, le chemin de croix raconte les étapes de la Passion de Jésus-Christ en illustrant les scènes ou les événements survenus le long du trajet.

On doit à saint François d’Assise (vers 1182-1226) et aux franciscains l’institution de l’importance pour un chrétien, surtout durant la période du carême, de pouvoir se recueillir en pensant aux sacrifices et aux souffrances endurées par Jésus de Nazareth avant sa mort.

Jusqu’au XVIIIe siècle, les chemins de croix, tant placés à l’extérieur que ceux décorant l’intérieur des lieux de culte, ne sont pas encore systématiquement réglementés. Ce n’est que petit à petit qu’on normalise les stations d’un chemin de croix en les limitant à 14 stations. Si les tableaux ou les sculptures sont installés sur les murs, généralement dans la nef d’une église, on en place habituellement sept sur un mur de côté et les sept autres sur le mur opposé.

Cette sculpture peinte, intitulée Jésus tombe sous le poids de sa croix, est la troisième station de quatorze. Elle aurait été réalisée avec un couteau de poche et une lime en 1922. On ignore totalement pour quelle église ou lieu de culte cette sculpture a été faite. D’ailleurs, il se peut qu’elle n’ait jamais été accompagnée de 13 autres.

Quant à l’artiste, Médard Bourgault (1897-1967), il est natif de Saint-Jean-Port-Joli, municipalité située dans la région administrative de Chaudière-Appalaches, sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, au Québec. Bourgault quitte l’école à 12 ans. Il est matelot pendant une dizaine d’années puis charpentier-menuisier avant de s’adonner à la sculpture comme amateur. À partir de 1922-1923, Bourgault s’y consacre plus activement. C’est l’anthropologue, ethnologue et folkloriste québécois, Marius Barbeau, qui, au début des années 1930, le rencontre pour une première fois. Il apprécie son talent et l’encourage beaucoup.

Les thèmes de prédilection de Bourgault sont rattachés aux scènes inspirées du terroir, puis à ses croyances religieuses. Ils sont, plus tard, plus modernes.

Comme pour cette sculpture, au début, Bourgault aime recouvrir ses œuvres de couleurs peintes. Ses statues, toujours très originales, sont en bois. Il refuse de faire des copies. En 1932, ses frères, Jean-Julien et André, se joignent à lui.

Huit ans plus tard, soit en novembre 1940, l’atelier des trois frères Bourgault devient la première école subventionnée par le gouvernement qui est consacrée à la sculpture de la province.

Quelques milliers d’œuvres ont été réalisées par le talent, l’inspiration, les mains habiles et les outils bien affutés de Médard Bourgault; elles se retrouvent un peu partout à travers le monde.

Médard Bourgault est décédé le 21 septembre 1967.

Don de Mgr Albert Tessier
Collection Musée Pierre-Boucher
1977 97 S