ENCENSOIR

Cet encensoir, portant la marque du poinçon de l’orfèvre Ranvoyzé, provient de la paroisse Saint-Antoine-de-la-Rivière-du-Loup (Saint-Antoine-de-Padoue), dans la municipalité de Louiseville au Québec.

Une première chapelle érigée en bois (1705) se trouvait à mi-chemin entre le village et le lac Saint-Pierre même avant l’érection de la paroisse en 1722.

À partir de 1804, une église en pierre se trouve au cœur du village. Cette église contient des souvenirs précieux provenant du vieux temple desservi naguère par les récollets. Le père Augustin Quintal, qui sera plus tard curé à Trois-Rivières, y a été missionnaire. Un des curés de la paroisse est l’abbé Joachim Boucher, celui-là même qui a eu en sa possession la tabatière de l’abbé LeBourdais.

Cette église de pierre est pourtant tombée sous le pic du démolisseur en 1916 après un long passé cher à plusieurs. Certaines personnes se rappellent pourtant l’usage de cet encensoir. Charles Joseph Magnan (1865-1942), devenu inspecteur général des écoles catholiques, est l’un d’eux. Dans un discours, alors qu’il s’adresse aux élèves de l’Académie de Louiseville le 27 juin 1916, lors de la distribution des prix de la fin d’année scolaire, il leur raconte certains de ses souvenirs. Il se souvient d’avoir agi comme servant de messe et d’avoir accompagné Mgr Joachim Boucher durant certaines cérémonies offrant l’encens au peuple, possiblement grâce à cet encensoir.

Quant à la troisième église, construite entre 1917 et 1921 par Joseph Couture, un entrepreneur de Lévis, elle est ravagée par un incendie à peine cinq ans après la fin des travaux. On a sans doute sauvé de la catastrophe quelques objets de culte comme celui-ci. L’objet semble d’ailleurs avoir souffert d’un tel fléau. C’est l’abbé Louis Arthur Lévêque Dusablon, qui y est curé, qui se charge de la reconstruction. Une quatrième église prend forme, mais, faute de moyens financiers, elle reste sans décoration intérieure jusqu’en 1952.

L’abbé Dusablon est, en 1895, le tout premier conservateur du musée du Séminaire Saint-Joseph dûment nommé par les autorités. Il reste en poste jusqu’en septembre 1902. Dusablon, reconnu pour son goût des objets anciens et pour l’importance qu’il accordait à la sauvegarde du patrimoine, avait sans doute récupéré cet encensoir qui n’était peut-être plus assez resplendissant pour servir à nouveau au culte. Cet encensoir de Ranvoyzé a donc possiblement été donné au Musée Pierre-Boucher par la succession de l’abbé Dusablon, décédé en 1930.

Quant à l’artiste, François Ranvoyzé, il est né à Québec en 1739. Plusieurs pensent qu’il a fait son apprentissage chez l’orfèvre Ignace-François Delezenne qu’il termine vers 1760 ou 1761. Les deux orfèvres sont des associés et des amis. Delezenne tient lieu de père à François lors de son contrat de mariage avec Marie-Vénérance Pèlerin en 1771. Et le maître est choisi comme parrain du premier-né des Ranvoyzé.

La vie sociale de Ranvoyzé semble se limiter à son implication comme marguiller de la fabrique Notre-Dame de Québec. Pourtant, en 1795, il s’associe à six autres orfèvres pour contester une loi réglementant l’utilisation des feux de forge essentiels pour l’orfèvre.

François Ranvoyzé est décédé en 1819.

Collection Musée Pierre-Boucher
1977 106 O