CHARLES PAGÉ

Ce tableau représente l’homme d’affaires autodidacte Charles Pagé, qui est plus grand que nature et tout en prestance, alors qu’il est échevin du quartier Notre-Dame à Trois-Rivières.

Charles Pagé est né le 5 novembre 1856 à Cap-de-la-Madeleine. Il est baptisé le lendemain sous les prénoms Charles Octave. À sa naissance, il a déjà quatre frères et deux sœurs. Son père est Thomas Pagé, cultivateur; sa mère est Marie Glover, d’origine écossaise. D’abord cultivateur, puis garde-forestier, inspecteur des terres du Saint-Maurice et entrepreneur en réparation de ponts, Charles Pagé va s’installer à Trois-Rivières. La politique municipale l’intéresse. Il se présente en juillet 1886 comme échevin dans le quartier Notre-Dame. Il n’est pas élu. Il se présente à nouveau en 1889 et remporte. La devise et les armoiries de la Ville de Trois-Rivières apparaissent d’ailleurs sous son poing sur la table, à la droite du tableau, sur ce qui semble être une feuille de papier pliée.

En 1891, entrepreneur de ponts en bois, Charles a 34 ans et il est toujours célibataire. Il loge chez Barthélemi Saint-Hilaire, qui gère une maison de pension avec son épouse. Parmi leurs autres pensionnaires, il y a un commis d’office dans une manufacture, une couturière dans une manufacture de chaussures et un colporteur d’images.

Cinq ans plus tard, en 1896, Charles Pagé, propriétaire de l’Hôtel Pagé et entrepreneur reconnu, et de nouveau l’échevin du quartier Notre-Dame, prend épouse. En effet, en novembre, il lie sa destinée à Maria Georgia (Georgina) Mina Dargis (vers 1862-1910) dans la paroisse de l’Immaculée-Conception de Trois-Rivières. Les deux parents de Charles étant décédés, c’est Richard Stanislas Cooke, avocat et maire de Trois-Rivières, qui agit comme témoin à son mariage.

Comme la majorité de ses concitoyens, Pagé subit, lors du terrible incendie de Trois-Rivières en juin 1908, de lourdes pertes matérielles estimées à 22 000 $, juste pour son hôtel. Charles Pagé choisit de reconstruire, mais en change le nom pour Hôtel St-Louis. Deux ans plus tard, le malheur le touche à nouveau. Georgina, son épouse, décède le 14 octobre 1910 à l’âge de 48 ans. Charles ainsi que ses fils, Léon et Charles-Édouard, et sa fille, Jeanne, vont se résoudre à vivre sans elle.

Même s’il n’a peut-être pas que des amis, ses adversaires en affaires ou en politique lui reconnaissent sa franchise, sa détermination et ses qualités de cœur. Personne n’aurait pu imaginer pour cet homme une fin aussi désolante. Charles Pagé souffre pourtant depuis quelques années. Ses médecins le convainquent de subir une amputation étant donné qu’un de ses pieds est atteint de gangrène. Tout devait bien se passer. Pourtant, Charles est décédé, à 65 ans, en novembre 1921, des suites de cette opération chirurgicale à l’Hôpital Normand à Trois-Rivières.

Quant à l’artiste, Albert Deschamps (1871-1936), père, il vit d’abord à Montréal avec sa femme, Églantine Proulx. Le couple a un fils, Albert (1905), ainsi que quatre filles, Églantine (1906), Claire (1907), Claudine (1908) et Mariette (1911), décédée en bas âge.

Par les almanachs des adresses de Trois-Rivières, on sait qu’Albert, père, peintre décorateur, et sa famille viennent s’installer dans cette ville d’abord au 15 de la rue Richard en 1915-1916. D’autre part, le recensement canadien de 1921 révèle que la famille vit au 167 de la rue Laviolette. Le Séminaire à tourelles est tout prêt, de l’autre côté de la rue.

D’ailleurs, cette année-là, dans le quotidien Le Nouvelliste, certainement entre février et novembre, A. Deschamps, artiste-peintre décorateur, annonce chaque semaine ses services d’« entrepreneur de peinture en général, églises et édifices publics ».

On sait aussi qu’Albert Deschamps, père, réalise des décors de théâtre, entre autres, pour la pièce en cinq actes Les Pauvres de Paris, présentée par l’Association dramatique Notre-Dame les 6 et 7 février 1922.

Albert Deschamps, père, est atteint de cécité et doit délaisser la peinture.

Il décède le 12 septembre 1936 à Trois-Rivières.

Don de la famille Pagé
Collection Musée Pierre-Boucher
2004 1045 P