CANON DE L’ASSOCIATION DES ZOUAVES DE TROIS-RIVIÈRES

Ce canon a été fabriqué en 1907 par Honoré Beauchesne, qui travaille à la Canada Iron de Trois-Rivières, à la demande de l’Association des zouaves de Trois-Rivières, fondée le 3 juillet 1902 et incorporée officiellement le 6 août suivant. L’objet est placé sur un support en bois muni de deux larges roues afin de pouvoir le transporter.

Gédéon Désilets (1845-1922) est aux commandes de cette association (compagnie no 2). Lui-même sergent-major faisant fonction d’adjudant au Régiment des zouaves pontificaux et aussi connu comme journaliste dès son retour de Rome en 1871, M. Désilets est l’un des premiers cadets de l’ancienne école militaire de Québec à obtenir son certificat de 1re classe en 1864. Il a le grade de capitaine dans la milice volontaire à son départ pour Rome en décembre 1867.

Mais quelle était donc cette cause à défendre? Pour résumer, il s’agissait, pour les Canadiens français catholiques, de se porter à la défense du Pape Pie IX, à sa demande expresse, tout comme d’autres populations européennes l’ont fait. Ce pape voyait ses États pontificaux mis en danger par les projets d’unification de l’Italie d’un Giuseppe Garibaldi, anticlérical, et ses combattants. Rome perd néanmoins la bataille en 1870. Mais, heureusement, malgré quelques prisonniers relâchés, il semble qu’aucun des Canadiens partis pour Rome n’y aient été tués ou gravement blessés. À leur retour d’Europe, malgré la défaite, tous sont accueillis en sauveurs. De nos représentants trifluviens, Gédéon Désilets ou Louis Garceau, on se remémore le parcours.

Dès lors, plusieurs municipalités du Québec voient se former des associations de zouaves, comme à Trois-Rivières. Le but de ces associations est de prôner la défense des droits de l’Église catholique et du Pape, ainsi que de maintenir les traditions du Régiment des zouaves pontificaux.

Quant aux autres officiers actifs au sein de l’association de Trois-Rivières, il y a eu L. Dussault, ex-sergent aux zouaves pontificaux, capitaine adjudant-major; I. N. Godin, capitaine; D.-X. Giroux, lieutenant; A. Pothier et D. Larivière, sous-lieutenants; ainsi que N. Lord, adjudant. Les effectifs, eux, qui sont uniquement des hommes recrutés au sein des professions libérales, de l’industrie, du commerce et de la classe ouvrière des Trois-Rivières, atteignent une centaine, bon an mal an.

Avant de posséder ce canon, l’association faisait ses manœuvres d’escrime une fois par semaine et des excursions militaires un peu partout : à Québec, à Sorel, à Joliette et à plusieurs endroits du district des Trois-Rivières, selon Le Trifluvien, mardi 25 septembre 1906, page 4.

Ce canon, disons-le, n’a jamais été opérationnel. En réalité, son rôle consistait essentiellement à servir d’élément de décor lors de parades ou d’exercices.

Collection Musée Pierre-Boucher
1978 461 A.2-1