BAGUETTE MILITAIRE

Cette baguette, communément appelée badine militaire, a appartenu à Henri Godin. Habituellement réservée aux officiers alors qu’Henri est simple soldat pendant à peine quelques mois, cette baguette, dont le fût est en bois, porte un pommeau en laiton affichant les armoiries du Corps expéditionnaire canadien, avec l’inscription « Canada », qui sont tout à fait similaires aux épinglettes portées par les soldats sur leurs uniformes ou leurs képis. L’embout, ou férule, est également en laiton.

Henri Godin est le fils d’Alexina Lessard (1872-1960) et d’Ernest Godin (1868-1943), originaires de Saint-Étienne-des-Grès, en banlieue nord-ouest de Trois-Rivières. Le couple se marie dans leur paroisse natale en 1893. À son mariage, Ernest est ouvrier à Sainte-Flore. Plus tard, le couple s’installe à Shawinigan puis à Trois-Rivières. Ernest occupe alors les fonctions de machiniste au Canadien Pacifique. La famille habite d’ailleurs tout près de la gare.

La Première Guerre mondiale sévit en Europe depuis 1914. Le Canada est mêlé au conflit en appui à la couronne britannique. Il s’agit d’une guerre meurtrière qui a du mal à réveiller les instincts patriotiques des Canadiens-français. Le gouvernement fédéral songe donc à instaurer la conscription. Des élections tenues le 17 décembre 1917 donnent une majorité au premier ministre Robert Laird Borden et au parti qu’il dirige à la Chambre des communes à Ottawa. La conscription est proclamée et prend effet au début de l’année 1918. Ainsi, les jeunes gens, y compris les hommes mariés sans enfants, sont contraints de joindre l’armée canadienne. Malgré des émeutes, surtout au Québec, plusieurs décident, probablement à contrecœur, de s’enrôler. Plusieurs autres, dont on estime leur nombre à plus de 18 000 hommes, vont disparaître ou se cacher pour fuir cette loi qu’ils jugent abusive.

Henri Godin est du nombre de ceux qui s’enrôlent.

À la lecture du dossier militaire d’Henri Godin, accessible en ligne via le portail de Bibliothèque et Archives Canada, Dossiers du personnel de la Première Guerre mondiale du Corps expéditionnaire canadien (CEC), on apprend qu’il est né le 11 mars 1896 à Shawinigan et que son numéro de matricule est le 3164619.

Henri est l’ainé des enfants du couple. Il a deux frères, Welly (Wellie) et Wilfrid, et deux sœurs, Claircy (sic) et Alice. Quand il s’enrôle, il est célibataire et catholique; il mesure 5 pieds 4 pouces, a les yeux bleus et est machiniste. Il subit un premier examen médical le 2 juillet 1918 à Montréal.

Un peu plus d’un mois plus tard, il est admis à l’hôpital militaire de Québec, le 14 août 1918, pour d’autres examens; Henri Godin reçoit son congé de l’hôpital le 29 août. Il est ensuite officiellement libéré de l’armée dès le 15 octobre 1918 pour cause d’incapacités liées à son état de santé. Il a une otite externe persistante, son ouïe est déficiente et il a un problème d’eczéma aux mains et aux jambes.

De retour à Trois-Rivières, Henri Godin se marie à Laura Rochette en 1919. Le couple vit quelques années à Trois-Rivières, sur la rue Sainte-Cécile, dans le quartier Notre-Dame. Au recensement canadien de 1921, il est fileur dans une filature de coton et sait parler anglais. Un peu plus tard, le couple s’installe à Drummondville.

Henri Godin est décédé à Trois-Rivières le 13 juin 1975. Son épouse est décédée en avril 1974. Ils n’avaient pas d’enfant.

Don d’Alice Godin
Collection Musée Pierre-Boucher
1983 66 C